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l’ambassadeur Fodé Cissé propose une voie pour une émergence guinéenne

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L’ancien ambassadeur de Guinée en Roumanie a présenté son dernier ouvrage au public des 72H du livre ce dimanche 24 avril 2022. Intitulé « Et demain, mon pays », ce livre fait un examen critique de certaines croyances africaines : celles rejetées.

Bien au contraire, il insiste sur la nécessité de les interpréter non plus à travers des prismes étrangers comme on en a l’habitude, mais à travers une approche authentique invitant à se mettre d’abord à l’écoute de ses cultures, sans oublier que les croyances, de manière générale, sont des certitudes qu’on ne peut prouver.

Ainsi, de discussions en discussions, l’on s’achemine vers la reconnaissance de la pertinence des réalités et des valeurs traditionnelles africaines. Toute chose qui n’empêche pas l’un des personnages de l’ouvrage d’exprimer son inquiétude pour le destin de l’Afrique actuelle,  plus précisément sur celui de notre pays, la Guinée, en se demandant pourquoi sommes-nous devenus ce que nous sommes aujourd’hui et que faut-il faire pour que nous devenions meilleurs à ce que nous sommes.

La réponse à ces intégrations, sur la base d’un principe de remise en question de soi et de ce qui est, va inspirer la création des conditions favorables à l’émergence d’une Guinée nouvelle et de même pays natal du Pr Fodé Cissé.

Édité par L’Harmattan Guinée, l’ouvrage se compose de trois grandes parties, à savoir : les éléments de croyances africaines, le traumatisme africain et le renouveau. Dans la première partie, tout commence par la discussion d’un groupe de villageois sur l’arc-en-ciel (chez la vieille Tanko, devenu le lieu de rencontres du village à cause des pacotilles et des condiments qu’elle revend).

Une grosse pluie qui assombrit le ciel s’est dissipée, laissant apparaître dans la voûte céleste un énorme arc-en-ciel. Cela a suffi pour susciter une empoignade verbale sur ce phénomène. Pour certains, l’arc-en-ciel est une simple fumée. Pour d’autres, c’est un gros reptile, le roi des djinns, appelé Ninguinanguè en Soussou, qui habite dans les grandes rivières.

« Après de longues discussions, l’opinion, qui admet que l’arc-en-ciel sort toujours d’une termitière géante, sous forme de fumée pour ensuite devenir le roi des djinns, est combattue et rejetée. Mais le débat sur le mythe du gros reptile se poursuit », a expliqué l’auteur.

Dans la deuxième partie, Saato Nyara et Fala Fati, deux personnages du livre, avant de dégager les causes du traumatisme africain, commencent par reprocher sévèrement à Kouikolon et à son ami (deux autres personnes de l’ouvrage) d’avoir présenté l’Afrique traditionnelle et ses hommes comme s’ils n’avaient subi aucune conséquence des troubles et désordres de leur temps.

« Or, fait noter le Pr Cissé, bien avant la traite atlantique, ils avaient subi les conquêtes arabes et européennes. C’est à la suite de toutes ces agressions que la traite atlantique, plus barbare et plus inhumaine survint. Mais ce n’est pas tout. Suivra la colonisation, entraînant l’éclatement brutal des structures sociales traditionnelles, renforcé par une scolarisation calculée (…).

En résumé, vont conclure Saato Nyara et Fala Fati, les conquêtes aux razzia atlantiques, la traite atlantique, la colonisation et ses conséquences, l’acquisition de l’indépendance nationale dans une grande incompréhension avec la France, suivies de répressions violentes, d’injustice sociale, constituent les traits essentiels du traumatisme guinéen ».

Pour ce natif de Forécariah, c’est certainement ce qui a fait de nous ce que nous sommes aujourd’hui. « Car, enseigne-t-il, tout problème social d’une génération donnée devient un problème psychologique de la génération ou des générations qui suivent ».

La troisième partie, pour sa part, renvoie à l’approche philosophique sur la perpétuelle question de remise en question de soi et de ce qui est. Par la remise en question de ce qui est, le Pr Fodé Cissé mentionne que l’on critique fondamentalement l’expérience du passé en indiquant ça et là des erreurs commises.

Alors que par la remise en question de soi, il trouve que chaque groupe ethnique expose ses forces et ses faiblesses. « Ce qui permet de comprendre que la source de la plupart des maux en Guinée est à chercher dans la persistance du sentiment de supériorité ethnique chez les uns et les autres », déduit l’auteur.

Aussi, poursuit-il, chaque entité se croit la meilleure et pense que seule, elle peut bâtir la nation. Mais, libérés de ce sentiment négatif, tous les fils du pays devraient se retrouver pour éviter désormais d’autres conflits politico-ethniques et convenir d’adopter un système de présidence tournante qui barrera le chemin à l’idée menaçante d’une éventuelle présidence à vie.

Dans ce processus, l’ancien diplomate trouve que l’unité nationale à elle seule ne suffit pas. D’où la nécessité de lui associer l’éducation.  « Désormais, il s’agira de mettre l’ensemble des citoyens à l’école de l’excellence. S’étant nourri du ferment de la vertu, ils n’accepteront plus rien qui n’aille dans le sens de l’intérêt général ou qui ne vienne de la base pour en imposer au sommet. Mais le meilleur ferment de l’école de l’excellence, c’est l’éducation aux cultures africaines et l’éducation aux droits de l’Homme ».

Selon la proposition du Pr Cissé, le citoyen guinéen qui aura été formé dans une telle école ne pourra plus se comporter comme il le fait maintenant vis-à-vis de la société et de l’État.

« La nation, devenue une réalité, parlera désormais d’une même et seule voix, dans le sens de la grandeur et de la dignité de notre démocratie. Il n’y aura plus d’homme providentiel : l’éducation citoyenne ayant parachevé la formation de chacun, en développant en chacun le particulier et l’universel. Alors, inéluctablement, nous assisterons à l’émergence d’une Guinée nouvelle qui prendra la place de la première grande puissance politique et économique du continent. Et ce sera la réalisation du rêve de demain, mon pays », prédit-il.

De cet ouvrage, se dégagent pour l’auteur deux enseignements. Le premier indique que nos valeurs de cultures que sont nos croyances, nos coutumes et traditions constituent la force et le charme de nos sociétés africaines. A ce titre, croit que nous devons continuer à les respecter, à les protéger, et surtout, à les interroger.

« Assurément, elles cachent des vérités que seule la réflexion patiente permet de découvrir. Pour y parvenir, il faut privilégier l’éducation, ce puissant facteur de transformation de l’Homme et de la société. N’est-ce pas une manière de penser directement ou indirectement à la sauvegarde du patrimoine, du moins dans sa dimension culturelle ? », questionne-t-il.

En ce qui concerne le second enseignement, il invite à promouvoir l’approche philosophique, cette perpétuelle question de remise de soi et de ce qui est. De l’avis du Pr Fodé Cissé, seule celle-ci peut nous libérer de la routine, des préjugés, des opinions reçues et des vérités toutes faites, en nous aidant à renouer avec la rupture épistémologique telle qu’elle a été envisagée par Gaston Bachelard dans son célèbre ouvrage « La formation de l’esprit scientifique ».

A retrouver dans les rayons de la maison d’édition L’Harmattan Guinée, sis à Almamya, dans la commune de Kaloum, à Conakry.

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