Depuis 1992, la date 7 novembre de chaque année est dédiée à l’écrivain africain. L’occasion de célébrer ce dernier et plus globalement, de poser le débat sur les défis de la littérature sur le continent. La rédaction du Djely en a profité pour aller à la rencontre des acteurs du secteur en Guinée, pour discuter avec eux des défis dans notre pays.
À l’initiative de l’Association panafricaine des écrivains, cette journée a été instaurée pour promouvoir la diversité littéraire sur le continent. Mais en soi, dans le cas de la Guinée, le métier d’écrivain rime aujourd’hui encore avec d’importantes difficultés. « Nous sommes confrontés à plusieurs difficultés, notamment l’accès aux financement pour les recherches et les productions de nos œuvres. Il est très difficile en Guinée d’avoir des ressources pour faire tout ce travail », pointe Faya Pascal Iffono, auteur du ‘’Crash d’un avion sorcier’’.
De fait, en Guinée, écrire doit essentiellement procéder de la passion ou d’une vocation. Car l’œuvre ne nourrit guère son auteur. « Si ce n’est pas des écrivains à l’international comme Tierno Monenenbo, il est pratiquement impossible de vivre de ses œuvres en Guinée. Si je prends l’année dernière, je n’ai reçu que 650.000 GNF au titre de mes droits d’auteur », souligne le jeune écrivain.
Au Bureau guinéen des droits d’auteur (BGDA), le Directeur général rétorque que les écrivains sont payés en fonction du nombre d’exemplaires produits et de l’utilisation des œuvres. « Un écrivain qui est inscrit chez nous est payé à partir du 501ème exemplaire. Et également, plus son œuvre est utilisé, plus il en gagne », explique Michel Théo Lamah.
Finalement, la précarité de l’écrivain et par voie de conséquence, celle de la production littéraire, serait-elle imputable à la faible culture de lecture des Guinéens ?
Le sujet intéresse en tout premier lieu, l’Association des écrivains de Guinée (AEG). Présidée par Facely 2 Mara, cette dernière avait porté un plaidoyer en faveur de la construction d’une Maison des écrivains de Guinée, sous le magistère d’Alpha Condé. « L’AEG avait porté une doléance auprès du ministère de la Culture pour la construction d’une maison des Ecrivains digne de nom. Cette doléance a été prise en compte dans le programme cadre pour le développement du secteur de la Culture qui était à hauteur de 51 millions de dollars », révèle-t-il.
Il serait souhaitable que le projet ne soit pas abandonné, car le défi de l’infrastructure est tout aussi entier. L’autre défi auquel son association avait commencé à s’attaquer, c’est celui qui touche à l’enseignement des auteurs guinéens dans les programmes scolaires. Les démarches avaient, selon lui, été menées en direction de l’ancien ministre de l’Enseignement supérieur, Yéro Baldé. Mais là non plus, les choses ne semblent pas avoir progressé. Pourtant, il trouve que là aussi, c’est un chantier crucial pour la littérature nationale.
Ibrahima Kindi Barry