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Africains de Carla-Bayle: Entre l’Afrique et l’Europe, la Guerre et la paix… Une Ode aux Mystes de Coyah-Soumbouyah

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La sortie nationale le 12 juillet 2023 du quatrième livre et deuxième roman, « Africains de Carla-Bayle », aux éditions Amalthée, du Journaliste-Écrivain Guinéen, Mohamed Salifou Keîta, suscite de l’engouement en France, notamment dans l’Ariège où l’écrivain a procédé à deux séries de signatures de cet ouvrage, d’abord à Carla-Bayle, ensuite à Foix, Capitale de la ville Fuxéenne, enfin dans la ville Meldoise, (Meaux).

Pour les Critiques littéraires, comme Ludivine Vinet d’Amalthée, ce livre « Plus qu’un simple roman historique : c’est un voyage captivant à travers le temps, ouvrant les portes sur une époque tumultueuse et les leçons précieuses qu’elle offre à notre époque.  Dans cet ouvrage l’histoire prend vie avec un réalisme poignant ». Quant à M. Jean François Sans, Maire de Carla-Bayle, « On retrouve dans ce roman un syncrétisme flamboyant qui fait tout le sel de l’Afrique ». C’est l’écrivain Franco Guinéen, Tierno Monenembo, Prix Renaudot 2008, qui rentre dans les serres de cette œuvre littéraire pour mettre en évidence une Ode aux « Mystes » de Coyah Soumbouyah. (N.D.L.R)

Nous, nous réjouissons de voir que de livre en livre, le critique, chroniqueur littéraire, Mohamed Salifou Keïta, l’animateur bien connu de « Plume, Papier, Parole » à la Télévision Nationale Guinéenne se mue en écrivain. « Ce sont ceux qui lisent qui finissent par écrire », dit l’adage. A force de lire les livres des autres, notre Mohamed Salifou Keïta national a donc fini par écrire les siens. Il a commencé par un essai encyclopédique sur la Littérature guinéenne d’expression Française, les classiques (éditions Tabala 2005), de la Poésie, Nostalgies (éditions Poésie io 2022) et très vite, est passé au roman. Après Les Enfants du quartier sombre, son roman consacré à la jeunesse en détresse et en colère des bas-quartiers de Conakry, voici les Africains de Carla -Bayle, un roman qui lui, se déroule en France, à Carla Bayle, plus précisément.  Carla Bayle est un village peu connu et que vous aurez du mal à situer sur la carte. Et pourtant, c’est un mini-point focal de l’histoire de France. Il fut un des hauts lieux de la fameuse Nuit de la Saint-Barthélémy, vous savez, ces horribles massacres entre Catholiques et Protestants le 24 Août 1572 et les mois suivants. Mais ce n’est pas seulement cela qui donne de la notoriété à cette localité de l’Ariège, c’est aussi et surtout parce qu’elle est le lieu de naissance de Pierre Bayle. Qui est Pierre Bayle ? C’est un grand philosophe, le maître à penser des philosophes des Lumières, celui dont Voltaire disait qu’il est « le plus grand dialecticien qui ait jamais écrit ». Cet apôtre de la liberté de penser et de la tolérance, ce symbole de la République fut tellement célèbre qu’en 1879, son village natal qui s’appelait jusque-là Carla-le Comte, changea de nom en ajoutant le sien. La bonne idée de l’auteur, c’est d’inviter dans ce village chargé d’histoire, une histoire venue d’ailleurs, celle de Komboe, un tirailleurs sénégalais originaire de Coyah comme l’auteur. Lors de la Seconde Guerre, Komboe s’est retrouvé au Carla-Bayle, enrôlé dans un régiment chargé de protéger un trésor de la mainmise des envahisseurs nazis. Ce trésor lui-même a une histoire, celle des Cathares, ce courant hérétique du catholicisme qui dit-on, avait amassé une fortune colossale pour se défendre contre Le Vatican. Ce récit très original de Mohamed Salifou Keïta tisse au fil de ce roman des personnages, des lieux et des époques diverses dans un chatoiement digne d’un tapis persan. La vie de Komboe mêlée à celle du Carla-Bayle nous est racontée par des personnages d’aujourd’hui dont les parents ou les grands-parents ont connu le soldat originaire de Guinée. Mais l’histoire n’est pas simple : Komboe a été précédé au Carla- Bayle par un autre tirailleur, Soumbouyaka, venu du même village que lui. Initié par les « aînés de Coyah », entendez les mystes de Coyah, et sauvé du peloton d’exécution par un Allemand, Soumbouyaka initiera aux « secrets africains » le fils de son sauveteur, désigné dans le roman sous le nom très évocateur de Le Semenceur. Cette histoire qui va dans tous les sens et qui manque parfois de vous donner le tournis a tout de même un centre : Le Café Baron, le cœur palpitant du village pour ainsi dire là où hier comme aujourd’hui, en temps de guerre comme en temps de paix, les gens se rencontrent pour boire un pot et papoter sur le cours de l’existence. Ce café appartenait jadis à un certain Simpolit. C’est ce Simpolit qui connut Komboe pour la première fois. C’est lui qui le présenta à Alfred et Ernest Sans.  En 39-45, c’est là que se retrouvaient Simpolit, Alfred Sans, Komboe et les autres pour parler de la vie pour mieux se protéger de la guerre. Aujourd’hui, c’est un autre Sans, Henri Camott, le mémorialiste, Jean-Pierre Pourtier, l’artiste, le poète, le philosophe, l’héritier de Bayle en quelque sorte qui parlent avec aisance de Komboe, histoire de rappeler le passé pour mieux se prémunir de l’avenir. L’Afrique et l’Europe, la guerre et la paix, la grande et la petite histoire s’alternent, interfèrent dans ce livre foisonnant où les nombreuses expressions lyriques sont soucieuses d’audace et de clarté.

Tierno Monénembo

Prix Renaudot 2008

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